Superviser une usine n'est plus une question binaire entre « on garde le SCADA local » et « on migre tout dans le cloud ». Après plus de dix ans de terrain et de projets variés, je vois que le choix dépend d'une série de critères techniques, organisationnels et économiques, et qu'une approche pragmatique — souvent hybride — est la plus adaptée. Dans cet article je partage mon expérience, des retours concrets et un cadre de décision pour vous aider à choisir entre un SCADA traditionnel et une solution cloud pour la supervision industrielle.
Ce que j'entends par « SCADA traditionnel » et « solution cloud »
Quand je parle de SCADA traditionnel, je pense aux architectures centralisées avec serveurs sur site, postes opérateurs en LAN, historiques de données conservés localement et connexions directes aux automates (PLC). Des produits comme Siemens WinCC, Schneider Wonderware (AVEVA), GE iFIX ou Inductive Automation Ignition installés on-premises illustrent ce modèle.
Par solution cloud, je désigne des offres où une partie (ou la majeure partie) de la supervision — stockage des données, historisation, tableaux de bord, analytics — est hébergée dans le cloud public ou privé (AWS, Azure, GCP, ou plateformes industrielles comme AWS IoT TwinMaker, Azure Digital Twins, Siemens MindSphere). Le HMI/SCADA peut rester en site via passerelles légères ou être entièrement web.
Questions clés à se poser avant de décider
Avantages et limites — mes retours terrains
En pratique je compare souvent les approches selon quatre axes : disponibilité/temps réel, sécurité & conformité, coûts & exploitation, fonctionnalité & évolutivité.
Scénarios typiques et recommandation
Approche hybride que je recommande souvent
Je préconise fréquemment une architecture hybride : exécuter le contrôle critique et l'HMI localement (serveurs edge ou on-premises), et exploiter le cloud pour l'agrégation, l'historisation longue durée, l'analytics et les applications mobiles. Les bénéfices : latence maîtrisée, reprise locale en cas de coupure internet, et évolutivité/innovation via le cloud.
Exemple d'implémentation pratique : utiliser Ignition Edge ou Kepware en périphérie pour collecter et normaliser les données PLC, faire de l'edge computing pour les règles critiques, et pousser des événements/snapshots vers Azure IoT Hub ou AWS IoT Core pour l'historisation et l'analytique.
Points techniques à vérifier avant migration
Comparatif synthétique
| Critère | SCADA traditionnel (on-prem) | Solution cloud |
|---|---|---|
| Latence / Temps réel | Très bon | Variable, dépend du design (souvent moins adapté) |
| Sécurité | Contrôle physique, dépend du site | Contrôles avancés, nécessite bonne gestion des accès |
| Scalabilité | Limitée, nécessite équipement | Excellente |
| Coûts initiaux | Élevés (CAPEX) | Bas à moyen (OPEX) |
| Analytics & IA | Possible mais plus coûteux | Idéal |
Cas concrets — Ce que j'ai vu fonctionner
Sur un site agroalimentaire, nous avons conservé le SCADA local pour la gestion de lignes (traçabilité temps réel) et déployé un pipeline cloud pour l'agrégation et l'analyse des données de production. Résultat : les opérateurs gardent une interface réactive, les ingénieurs produit ont des tableaux de bord consolidés et des modèles prédictifs exécutés dans Azure ML. Le déploiement a réduit les arrêts imprévus de 18 % en un an.
Sur une PME de maintenance multi-sites, une solution cloud a permis de centraliser les données des équipements, d'automatiser le reporting et d'ouvrir un portail web pour les techniciens. Cela a supprimé la nécessité d'installer des serveurs sur chaque site et accéléré les diagnostics.
Checklist rapide pour décider
Si vous voulez, je peux vous aider à construire ce pilote ou à évaluer techniquement l'impact de la migration sur un site précis (mesures de latence réseau, conception edge, choix des protocoles et sécurité). Sur Bioelec, j'essaie de garder les recommandations opérationnelles et pragmatiques — n'hésitez pas à me donner le contexte de votre usine (taille, process, contraintes) et je vous proposerai un plan d'action adapté.